THE JOSHUA TREE





Description

The Joshua Tree est le cinquième album studio du groupe de rock irlandais U2, sorti le 9 mars 1987 sous le label Island Records. Il est produit par Daniel Lanois et Brian Eno, enregistré par Flood, Dave Meegan et Pat McCarthy et enfin mixé par Steve Lillywhite, Mark Wallis et Mark Kettle. Le disque a été réalisé dans différents studios dublinois ou lieux irlandais entre janvier 1986 et janvier 1987 : aux STS Studios, à Danesmoate House, à Melbeach et aux Windmill Lane Studios. Il se compose de 11 chansons et sa durée d'écoute dépasse légèrement les 50 minutes.
Conçu en réaction aux expérimentations ambient de The Unforgettable Fire, The Joshua Tree puise son inspiration dans le blues, le folk et le gospel. C'est l' « album américain » de U2. Initialement intitulé The Desert Songs : The Two Americas, le disque est ambivalent dans ses textes vis-à-vis des États-Unis. Il traduit l'amour du groupe pour l'Amérique et sa musique, mais c'est aussi un reportage sur le délabrement industriel, politique et moral de ce pays.
U2 obtient la consécration internationale avec cet album. Acclamé par la critique dès sa sortie, The Joshua Tree se classe no 1 dans 23 pays au monde dont les Etats-Unis, avec en prime les honneurs de la couverture de Time Magazine pour le groupe . Comme le souligne le batteur Larry Mullen Junior dans un entretien en 2005 : « On était ce que beaucoup de groupes rêvaient de devenir : LE groupe. »
Ce succès est dû principalement à ses trois tubes : Where the Streets Have No Name, I Still Haven't Found What I'm Looking For et surtout With or Without You. Le groupe se lance ensuite dans une tournée mondiale intitulée le Joshua Tree World Tour d'avril à décembre 1987. Grâce à ce disque, U2 obtient les deux premiers Grammy Awards de sa carrière dont celui de l'album de l'année le 2 mars 1988.
Considéré comme un des succès musicaux majeurs des années 1980, le disque figure aussi dans plusieurs listes des meilleurs albums de l'histoire. En 2003, le magazine Rolling Stone le classe à la 27e place dans ses 500 meilleurs albums de tous les temps. En 2020, The Joshua Tree est même élu « meilleur album des années 1980 » dans un sondage réalisé par la radio anglaise BBC Radio 2. Il s'est vendu depuis sa publication à près de 28 millions de copies à travers le monde.
Du 12 mai au 25 octobre 2017, U2 célèbre les 30 ans de son album culte, en interprétant pour la première fois toutes ses chansons, à l'occasion d'une mini tournée en stades, sur les routes d’Amérique et d’Europe . Une tournée supplémentaire intitulée The Joshua Tree Tour 2019 a lieu à l'automne de cette même année en Océanie et en Asie, avec un passage inédit à Bombay en Inde le 15 décembre 2019.

Contexte

Dix mois de tournée ont épuisé U2, qui a été de tous les festivals et a présenté une performance remarquée au Live Aid organisé par Bob Geldof le 13 juillet 1985 à Londres. La fameuse scène, où Bono se jette dans le public pour aider une jeune fille pressée par la foule, puis danse avec elle, a fait le tour du monde. Pourtant, le chanteur de U2 culpabilise d'avoir attiré l'attention des médias sur lui. Il erre plusieurs jours au volant de sa voiture du côté de Wexford en Irlande.

En septembre 1985, Bono et sa femme Alison partent un mois en tant que bénévoles dans un camp de réfugiés en Éthiopie. Là-bas, ils sont très touchés et affectés par la pauvreté de la population. La star de U2 confiera plus tard que les éléments de The Joshua Tree (l'approche assez lyrique, les grandes questions, l'idée générale), germaient en lui, à son retour d'Afrique.

Puis Bono se rend à New York, où il rencontre les Rolling Stones en plein enregistrement de leur album Dirty Work avec Steve Lillywhite, le producteur des trois premiers disques de U2. Keith Richards, le guitariste des Stones, lui fait découvrir le blues (de Robert Johnson, John Lee Hooker ou Muddy Waters), qui sera une des influences de The Joshua Tree. Bono en profite pour écrire avec « Keef » et Ron Wood , la chanson blues Silver and Gold. Elle est destinée à l'album Sun City, un projet de Steve Van Zandt pour lutter contre l'apartheid en Afrique du Sud.

Durant cet automne 1985, le guitariste du groupe The Edge se lance dans la musique de film. Il compose et joue avec le chanteur Michael Brook, la musique de Captive, le long métrage de Paul Mayersberg et fait la rencontre d'une étoile montante de la pop, la jeune Sinéad O'Connor avec qui il coécrit pour ce film le titre Héroïne.

En novembre de la même année, U2 se décide à plancher sur un nouvel album. Le projet initial du groupe est de travailler seul pendant quelques mois, puis de faire venir Brian Eno et Daniel Lanois, les producteurs de leur précédent disque The Unforgettable Fire. Les premières séances studios débutent dans un hôtel particulier appelé Danesmoate House (qui deviendra ensuite une des propriétés du bassiste Adam Clayton), situé à Rathfarnham, avec déjà de grandes avancées sur With or Without You et I Still Haven't Found What I'm Looking For.

Analyse

Les enjeux sont énormes, et U2 le sait. Son dernier album, The Unforgettable Fire , contenait « Pride (In the Name of Love) », son single le plus vendu de tous les temps, et l'année dernière, le groupe était le cœur musical de la tournée Conspiracy of Hope d'Amnesty International. Maintenant, semble-t-il, U2 est sur le point de passer du niveau de simples groupes de platine à l'air plus raréfié au-dessus. Pour un groupe qui s'est toujours spécialisé dans les gestes inspirants et plus grands que nature – un groupe totalement déterminé à être important – The Joshua Tree pourrait être le grand, et c'est précisément ce à quoi cela ressemble.

Cela ne veut pas dire que ce disque est soit une décision commerciale flagrante, soit un autre Born in the USA The Joshua Tree est l'album le plus varié, le plus subtil et le plus accessible de U2, bien qu'il ne contienne aucun succès infaillible. Mais dans sa ténacité musicale et sa spiritualité volontaire, l'album est à la hauteur de son homonyme : un arbre robuste et tordu qui pousse dans les déserts rocheux du sud-ouest américain. Une légende mormone prétend que leurs premiers colons appelaient l'arbre de Josué "la plante qui prie" et pensaient que ses branches noueuses suggéraient le prophète de l'Ancien Testament Josué indiquant le chemin vers la Terre Promise. Le titre convient à un disque qui se préoccupe de résilience face à une désolation sociale et politique totale, un disque imprégné d'imagerie religieuse.

Depuis que U2 a émergé de Dublin en 1980 avec une marque vivifiante de rock dur, émotionnel et orienté guitare, ses albums ont suivi un schéma. Le premier et le troisième ( Boy and War ) étaient musclés et affirmés, pleins respectivement de bravade juvénile et de conscience sociale en colère; les deuxième et quatrième albums studio ( October et The Unforgettable Fire ) étaient de mauvaise humeur et sinueux et parfois plus longs sur les idées que sur les chansons à part entière.

Mais The Joshua Tree n'est pas un retour pur et simple au feu de la guerre. Le groupe a exclu cela il y a des années : des chansons comme "Sunday Bloody Sunday" et "New Year's Day" ont frappé avec force sur l'album de 1983 et la tournée qui a suivi. Mais U2 s'est vu en danger de devenir juste un autre groupe de rock d'arène à slogans, alors le groupe a clôturé ce chapitre avec un disque et une vidéo en direct. Le groupe a troqué le producteur de longue date Steve Lillywhite pour Brian Eno et Daniel Lanois et, avec The Unforgettable Fire , a déclaré son intention de ne plus être aussi implacablement héroïque.

Sur le nouvel album, U2 conserve Eno et Lanois, ramène Lillywhite pour mixer quatre chansons et marie les diverses textures de The Unforgettable Fire à des chansons entièrement formées, dont beaucoup sont aussi agressives que les succès de War. Les marques sonores de U2 sont ici : l'angoisse monumentale de la voix de Bono , le pouls entraînant de la basse d'Adam Clayton et de la batterie de Larry Mullen Jr. et le gémissement de la guitare d'Edge . Mais pour chaque hymne rugissant prévisible, il y a une mélodie de rechange, arrangée de manière inventive, comme "With or Without You", un boléro rock & roll qui se construit d'un début apaisant à un point culminant retentissant.

Le groupe tombe encore dans de vieux pièges : la voix perpétuellement étouffée de Bono peut sembler exagérée et prétentieuse ; certaines images (feu et pluie, par exemple) commencent à perdre leur résonance après une dizaine d'utilisations ; et "Exit", un psychodrame récité sur un tueur, est assez gênant pour vous rappeler que même Patti Smith ne pouvait pas régulièrement réussir ce genre de chose.

Plus que tout autre album de U2, cependant, The Joshua Tree a le pouvoir et l'attrait de séduire et de capturer un public de masse à ses propres conditions. Sans faire étalage de son éclectisme, on y retrouve du rock affirmé (« Where the Streets Have No Name »), de la frénésie brute (« Bullet the Blue Sky »), de la délicatesse (« One Tree Hill »), des rythmes rauques (« I Still Haven 't Found What I'm Looking For ») et même du blues acoustique (« Running to Stand Still ») — le tout indéniablement U2.

Mais s'il s'agit d'une percée, c'est une percée sombre et sombre. Au début, des déclarations romantiques d'une honnêteté rafraîchissante alternent avec des images religieuses troublantes. Ensuite, les choses deviennent plus noires. Le rageur et mélodramatique "Bullet the Blue Sky" lie le feu et le soufre bibliques à la violence américaine à l'étranger et à la maison. Dans "Trip Through Your Wires", le rocker piétinant et harmonique, ce qui ressemble au salut pourrait facilement être une séduction diabolique ; "One Tree Hill" est une bénédiction douce et obsédante pour un membre de l'équipage de U2 décédé dans un accident de moto ; et "Red Hill Mining Town" fait écho à "Don't Give Up" de Peter Gabriel dans son regard impitoyable sur les relations personnelles ravagées par les difficultés économiques - ici, au lendemain de la grève des mineurs britanniques en grande partie infructueuse de 1984.

Mais malgré toute sa tristesse, l'album n'est jamais une diatribe autoritaire. Après les premières fois de «Running to Stand Still», par exemple, vous remarquez la musique remarquable: la guitare slide blues totalement inattendue, les jappements doux à la Nebraska , l'harmonica fantomatique. Cela ressemble à une belle et paisible rêverie – sauf qu'il s'agit d'une rêverie de junkie, et lorsque cette réalisation frappe à la maison, la douce berceuse acoustique acquiert un pouvoir corrosif qui rappelle "Bad", du dernier LP.

The Joshua Tree est une réponse appropriée à cette époque, et un tableau plus sombre que n'importe quel U2 n'a jamais peint : une vision d'espoirs anéantis, de violence inutile et d'angoisse. Mais ce n'est pas un groupe à céder au défaitisme. Son dernier album s'est terminé par une magnifique élégie à Martin Luther King Jr.; The Joshua Tree se termine par une ode obsédante aux autres victimes. "Mothers of the Disappeared" est construit autour d'images désolées de perte, mais le cadre est apaisant et réparateur - une musique d'une grande tristesse mais aussi d'une compassion, d'une acceptation et d'un calme inexprimables. The Unforgettable Chill , vous pourriez appeler cet album, et inoubliable est certainement le bon mot.

COVER-STORY


The Joshua Tree, dont la pochette a été conçue par le designer Steve Averill, est le dernier des albums en vinyle qu'Island envoie aux critiques des services de presse. Aujourd'hui, il existe deux couvertures presque identiques de ce disque. La plus célèbre montre du côté gauche les quatre Irlandais et à droite le désert de Mojave (où pousse le fameux cactus). Au premier rang, face à l'objectif, on voit Larry Mullen Junior et à ses côtés Bono mais de profil, derrière The Edge avec son chapeau et au fond Adam Clayton. Une autre couverture (la plus ancienne et en CD essentiellement), les montrent en très gros plan, d'une manière un peu flou, dans la même position ou presque que la précédente pochette (Larry Mullen regardant notamment légèrement à sa droite), avec derrière eux le désert et les Rocheuses. Les photos ont été prises par le néerlandais Anton Corbijn comme toutes celles à l'intérieur de la pochette.
Du 14 au 16 décembre 1986, U2 a voyagé à travers la Californie avec le photographe Anton Corbijn et le designer Steve Averill afin de réaliser des photos dans des paysages désertiques pour la couverture du nouvel album. Le soir du premier jour de prises de vues, Anton Corbijn raconte au groupe l'histoire des Joshua Trees et suggère l'utilisation de leur silhouette sur la couverture de l'album. Le lendemain, ils trouvent un arbre solitaire inhabituel dans le désert des Mojaves, non loin de la ville de Darwin, dont l'image sera utilisée pour la pochette. Le disque s'appellera donc The Joshua Tree. Par la suite, cet arbre a été longtemps un lieu de pèlerinage pour les fans de U2, mais il est tombé en 2000. Le lieu reste un lieu de pèlerinage fréquenté par les fans qui déposent des objets (guitares, plaques...). La photo en noir et blanc qui figurera en une de couverture, montrant U2 sur le côté gauche, avec à droite une rivière asséchée et le désert des Mojaves en arrière-plan, a été prise au Zabriskie Point.

SETLIST


Piste Titre Durée
Face A
01 Where the Streets Have No Name 5:36
02 I Still Haven't Found What I'm Looking For 4:37
03 With or Without You 4:55
04 Bullet the Blue Sky 4:32
05 Running to Stand Still 4:17
Face B
06 Red Hill Mining Town 4:53
07 In God's Country 2:56
08 Trip Through Your Wires 3:32
09 One Tree Hill 5:22
10 Exit 4:13
11 Mothers of the Disappeared 5:14